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La vie au collège

Enluminure de la première page  des statuts du collège de Fortet, représentant Pierre de Fortet et les huit premiers boursiers.
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(début XV° siècle)
©Archives Nationales AE II 1580


C'est en grande partie du testament de Pierre Fortet que sont extraits les statuts du collège, ils portent tant sur l'administration que sur la discipline.
Le premier article détermine le montant des bourses hebdomadaires. La bourse du maître est portée de huit sous par semaine, - somme fixée par le fondateur, - a dix sous parisis;.
Les six articles suivants concernent le serment que devront prêter le maître et les boursiers lors de leur réception; ils comprennent donc l'indication de leurs devoirs généraux : le maître doit - gouverner le collège,
- surveiller les études et les moeurs des boursiers, éducation autant qu'instruction,
-être impartial
-informer les proviseurs de tous les incidents survenus au collège.
Les boursiers doivent, -obéir au maître et le respecter,
- ne rien révéler au dehors des secrets de la maison,
- vivre en paix entre eux,
- être toujours corrects dans leurs rapports mutuels
-veiller a la conservation des biens et surtout des livres de la communauté, n'avoir en vue que la prospérité du collège.


Inspection hebdomadaire des livres
(Cartulaire du collège de l'Ave Maria)

Les articles 8-32 ont trait a la discipline et a l'organisation, intérieure. Le premier souci des chanoines est de conjurer les discordes entre étudiants auvergnats et parisiens : les écoliers sont appelés à une véritable communauté de vie. Le maître du collège aura mission spéciale d'empêcher les querelles et les rixes, (les écoliers indociles pourront être privés de leurs bourses.)
Pas de vagabondage pour les écoliers, ils ne pourront sortir du collège que pour se rendre aux écoles et chez leurs professeurs, à des heures connues par le maître; pour toute autre sortie, une autorisation préalable du maître sera nécessaire; il leur est interdit de s'attarder en route en rentrant chez eux, de fréquenter les mauvais lieux et les tavernes, de s'absenter aux heures des repas.
Pas femmes au collège, ni de jour ni de nuit -de quelque condition qu'elle soit, - a moins cependant qu'elle soit d'un âge tel et en telle compagnie qu'on n'en puisse concevoir aucun soupçon. Pas non plus d'étrangers suspects.
Les boursiers logeront à deux dans une même chambre, et c'est dans leur chambre qu'ils devront travailler. Il est interdit a chacun d'empêcher son camarade ou ses voisins de se livrer a l'étude ou au repos par des conversations a voix haute ou des chansons.



Escoliers dans leur lit récitant leurs prières du soir.
(Cartulaire du collège de l'Ave Maria)

Chacun jouit chez soi d'une assez grande liberté. Un collège du moyen âge ne ressemble pas a un internat moderne. Au moyen âge, ces sortes d'établissements ont été organisés dans un tout autre esprit : il ne s'agit point d'obliger au travail et a telle durée de travail quotidien des élèves quelquefois disposés à ne rien faire; il s'agit de permettre a des étudiants de travailler. Le point de vue est tout différent. Ce n'est point le travail des boursiers que l'on réglemente, c'est leur mode de vie : leur travail n'est guère contrôlé que dans ses résultats, mais on se préoccupe, après leur avoir assuré le vivre et le couvert et leur avoir procuré diverses facilités de travail, de les entourer de règlements protecteurs qui les gardent des tentations et leur donnent des habitudes laborieuses.
D'où la sévérité des statuts sur l'assistance aux repas et aux offices. La cloche sonne pour les annoncer. L'idéal monacal inspire le législateur, et l'on conçoit qu'un tel règlement, loyalement appliqué, devait être efficace contre les instincts des bohêmes de jadis.
Les repas ont lieu à un moment ou tout le monde peut y assister. Tous les boursiers sont tenus d'être présents des le « benedicite »; l'on ne sert point les retardataires et nul ne peut se faire servir dans sa chambre. Apres le repas, nul ne quitte la table avant qu'on ait récité les grâces et un de profundis, avec une prière spéciale pour le fondateur et une prière générale pour les morts. Les absents légitimement excusés paient le prix du repas comme s'ils y avaient pris part.



A gauche escolier sonnant la cloche du réveil, à droite nettoyant une cage de chardonnerets
(Cartulaire du collège de l'Ave Maria)

Le soir, la porte est fermée à huit heures (comme aujourd'hui!) ; les clefs sont déposées chez le maître, qui ouvre aux retardataires et aux boursiers pourvus d'une autorisation jusqu'a neuf heures au plus tard. Apres neuf heures, la porte reste close jusqu'au matin.
Chaque semaine a lieu une dispute " entre les élèves de chaque faculté; le maître ou quelqu'un qui le représente y assiste". C'est à la fois un exercice pour les écoliers, - l'on sait que la dispute » était considérée au moyen âge « comme le moyen d'instruction le plus efficace qu'on connut », - et un moyen de contrôle pour le maître. Les statuts prévoient une punition pour les élèves incapables d'argumenter.
Toutes les contraventions aux règlements étaient punies par des amendes. Les boursiers y étaient sans doute fort sensibles. Remarquons d'autre part que ce système pénal constituait un progrès sur le régime répressif usité dans les collèges a cette époque. « Les peines corporelles étaient la grande ressource pour obtenir l'assiduité et l'obéissance; et, quoique le système des amendes fut couramment pratiqué au XIV° siècle, on usait en même temps de la correction par les verges et la férule'. L'on connaît les traitements rigoureux auxquels étaient soumis les pauvres capettes » de Montaigu. Pour le collège de Fortet, les législateurs se sont montrés plus débonnaires : on ne frappe qu'à la bourse, procédé moins brutal et plus efficace.
Pour les pratiques religieuses le règlement du collège de Fortet est beaucoup moins minutieux que ceux de la plupart des autres collèges : la messe trois fois par semaine, quelques prières au commencement et a la fin des repas, ce n'était guère pour le temps.



Escoliers priant pour le repos de l'âme du fondateur de collège. (Cartulaire du collège de l'Ave Maria)

La deuxième partie des statuts (art. 33-46) est surtout consacrée à l'administration.
Tout d'abord, l'article 33 prescrit la confection d'un inventaire où tous les meubles et ustensiles du collège devront figurer. L'inventaire constamment a jour sera enfermé dans l' " archa communis", - ce que nous appellerions aujourd'hui la « caisse »,
C'est en effet le meuble qui, aux termes des paragraphes 41 et 42, reçoit l'argent provenant des recettes et d'ou l'on tire l'argent nécessaire au paiement des bourses et des autres dépenses. Les livres sont portés à l'inventaire. Ils sont matériellement conservés dans une salle spéciale, la « librairie », dont la clef ne peut être prêtée a un étranger et ou il est défendu d'entrer avec de la lumière.
Le personnel administratif du collège se compose :
- 1° du maître, i intervient dans toutes les affaires ou les intérêts des boursiers est en jeu, procède au paiement des bourses, surveille la rentrée arrérages, administre la table commune;
-2° d'un procureur, créé par les statuts de 1396, appelé aussi et plus justement "receveur".
Les boursiers sont très impliqués dans l'administration du collège: ils discutent et déterminent l'emploi de leurs revenus et exercent un contrôle permanent sur la gestion, d'ailleurs les statuts prévoient que la caisse doit être fermée par tris serrures, le maître en détient une, les boursiers parisiens la seconde et les boursiers auvergnats la troisième.
Les statuts déterminent encore les contributions dues par les boursiers, c'est ainsi qu'ils doivent payer 40sous à leur entrée au collège pour l'achat et le renouvellement des nappes et serviettes et tous pour la fête de la purification doivent verser 5 sous pour l'entretien du matériel. Ils doivent aussi acheter la literie et les menus objets mobiliers.